Claire Bolduc, la québécoise qui défige le monde rural |
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![]() Un virus attrapé dès son plus jeune âge, au contact de ses parents. Aînée de sept enfants, Claire grandit à Baie Comeau, à l’Est du Québec, sur le bord du fleuve Saint-Laurent. « Mes parents n’étaient pas engagés politiquement mais étaient très impliqués bénévolement dans plusieurs organismes locaux, surtout ma mère. Et l’un et l’autre nous ont élevé avec l’idée que si nous voulions que notre communauté aille bien, nous devions nous en mêler.». C’est d’ailleurs à son père, directeur pour une compagnie pétrolière, qu’elle doit son orientation professionnelle. Alors qu’elle envisage de poursuivre des études de biologie, il lui conseille de devenir agronome : « c’est un métier d’avenir. Les gens auront toujours besoin de manger ! »
A la faculté d’agronomie de l’Université Laval à Québec, Claire n’a pas encore une âme de militante. Elle s’investit surtout dans les associations sportives et rencontre à 19 ans son mari, Richard. Ces deux-là ne se quitteront plus et leurs études terminées, partent au début des années 80 s’installer à l’autre bout du pays, au Témiscamingue. Pour le jeune couple, c’est un second coup de foudre: « Nous avions un contrat de trois ans, mais nous n’en sommes jamais repartis! Nos enfants y sont nés. Nous y avons construit notre ancrage. Les Québécois ont l’habitude de dire que cette région est le secret le mieux gardé du Québec. Les paysages y sont magnifiques et les habitants ont accès à tous les services ». Beau, certes, mais rude aussi. Les territoires sont immenses et la population peu nombreuse. Les communautés, très rurales, sont loin des centres de décisions « C’est un milieu fragile car l’équilibre économique, les infrastructures y sont menacés. Mais les habitants sont très attachés à leur territoire et savent qu’ils doivent se prendre en main. » Le terrain est favorable pour que Claire Bolduc laisse s’épanouir son goût de l’engagement et révèle sa capacité à fédérer. Tout d’abord, au sein de l’ordre des agronomes, qu’elle intègre dès 1981 pour en gravir tous les échelons jusqu’à en devenir la Présidente, en 1999. « L’époque était aux grands combats, autour des pesticides, des OGM, de la sécurité alimentaire. Il fallait réconcilier les citoyens avec les agriculteurs, faire accepter à ces derniers l’enjeu environnemental et négocier une réglementation supportable avec le gouvernement. Pour moi, notre ordre professionnel avait un rôle à jouer sur ces dossiers d’intérêt public. Cette implication a d’ailleurs donné de la popularité à notre profession ». Parallèlement, cette militante infatigable s’investit localement, au niveau social, éducatif ou au sein d’une radio locale avec un même but : mobiliser le dynamisme des zones rurales et leur donner confiance dans leur capacité à agir. « Il y a dans ces territoires des élus, mais aussi des directrices d’écoles, des artistes, des entrepreneurs, et toute une foule de bénévoles qui s’impliquent pour faire avancer tout le monde. Il faut juste fédérer ces énergies, les aider à développer leurs compétences ». ![]() Et c’est au domaine DesDuc (contraction de Dessureault-Bolduc), le vignoble qu’elle exploite toujours avec son mari, que Claire continue de puiser ce sens: « la terre, c’est très concret. Il faut s’en occuper si l’on veut que le geste que l’on pose aboutisse à une récolte ». Il en est de même pour les idées et pour notre démocratie ! Estelle Camus |
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